MODERNISATION DE VNF : Des garanties arrachées, un chantier sous surveillance
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Un projet XXL lancé au pas de charge
La Direction de VNF a lancé un projet de modernisation d’une ampleur inédite : réorganisation territoriale, refonte massive des filières métiers, centralisation accrue de missions au siège. En clair, c’est toute l’architecture de l’établissement qui est en train d’être redessinée.
Face à un calendrier imposé, à un dialogue social dégradé et à des impacts lourds pour les personnels comme pour le service public, la CFDT-VNF, aux côtés de FO-VNF, a choisi de ne pas faire semblant. Le CSA central du 25 septembre a été rompu, faute de discussion réelle. Cette rupture n’était pas un geste symbolique : elle a permis d’arracher deux réunions informelles les 3 et 6 octobre, où la Direction a enfin accepté de mettre des engagements sur la table, sur l’Acte I (réorganisation territoriale) comme sur l’Acte II (refonte des filières métiers).

ACTE I – 155 sites dans le viseur : quand la modernisation menace le quotidien
La première brique de la modernisation, c’est la fermeture programmée de 155 sites – PCC, CMI, points d’appui – d’ici 2026, avec à la clé une centralisation du pilotage et des fonctions supports. Présentée comme un ajustement organisationnel, cette “rationalisation” aurait pu se traduire par des déménagements imposés, la perte de NAS, des temps de trajets explosifs et un découplage encore plus fort entre centres de décision et réalité du terrain.
Pour la CFDT-VNF, il était hors de question de laisser passer un tel projet sans garde-fous. L’objectif n’est pas de s’arc-bouter sur chaque site à tout prix, mais de refuser que la modernisation se fasse à coups de vies bousculées et de conditions de travail dégradées.

Des garde-fous arrachés sur les fermetures de sites
À force de pression et de travail de fond, la CFDT-VNF a obtenu des accords de principe qui changent la donne.

D’abord, une règle claire : aucun site comptant quatre personnels ou plus – tous statuts confondus, CDD inclus – ne pourra fermer sans l’accord de l’ensemble des agents concernés. Autrement dit, la Direction ne pourra pas se contenter d’un simple tableau Excel pour rayer un site de la carte.

Ensuite, la clause du grand-père pour les NAS est maintenue. Cela signifie que les agents qui bénéficient déjà d’un logement lié à leurs fonctions ne se verront pas retirer ce droit au détour d’une réorganisation.

Autre point clé : dès qu’une mutation dépasse 30 kilomètres ou 30 minutes de trajet, une concertation devient obligatoire. Et si les personnels ne sont pas d’accord, le principe est le maintien du site. On ne pourra plus décider, depuis un bureau, qu’un agent “peut bien faire un peu de route”.

La Direction s’est également engagée à réaliser des études d’impact RH avant toute fermeture, avec une consultation du CSA local.

Et surtout, sur un sujet très sensible, la CFDT-VNF a obtenu la garantie du maintien de la maintenance en interne, sans externalisation généralisée, ainsi que des conditions d’accueil dignes sur les sites de repli.
Zéro mobilité imposée : de la promesse politique à l’accord AMG
Lors de la création de l’EPA, la CFDT-VNF avait déjà obtenu un engagement de principe : le Zéro Mobilité Géographique Imposée, renouvelé à chaque directeur général. Sur le papier, c’était un pilier du pacte social. Dans la pratique, des fermetures de sites ont commencé à se produire, avec des mobilités plus ou moins subies.
Face à cette réalité, nous avons cessé d’aligner les protestations de principe pour exiger un cadre négocié : c’est le sens des discussions autour de l’Accord Mobilité Géographique (AMG), nouveau nom du ZMGI. En attendant sa signature, les organisations syndicales ont obtenu, là aussi, un engagement politique : aucune fermeture de site ne sera réalisée.

Ce que la CFDT-VNF exige encore sur l’Acte I
Les garanties arrachées ne suffisent pas à solder le dossier. La CFDT-VNF porte encore plusieurs revendications claires autour de l’Acte I :
• Nous demandons d’abord le ralentissement du calendrier de fermetures. Quand on joue avec les lieux de travail et les vies personnelles, on ne déroule pas un planning comme un simple Gantt sur un écran. Il faut du temps pour étudier les impacts, construire des solutions, organiser des accompagnements collectifs.
• Nous exigeons ensuite la transparence totale sur la liste des sites concernés. Les personnels ont le droit de savoir ce qui se prépare pour leur lieu de travail et de ne pas l’apprendre par fuite, rumeur ou plan PowerPoint tombé d’on ne sait où.
• Nous insistons aussi sur la revalorisation des métiers de maintenance, en première ligne dans cette modernisation. Si VNF veut continuer à assurer un service public de qualité, ce ne sera pas en fragilisant ceux qui maintiennent le réseau en état de marche.
• Enfin, nous revendiquons un accompagnement collectif des mobilités, incluant des garanties très concrètes, jusqu’à des demandes de stationnement garanti pour les agents impactés. Parce qu’une mobilité, ce n’est pas qu’une flèche sur une carte : c’est aussi du temps de trajet, des coûts, de la fatigue.
Des missions révisées si les moyens ne suivent pas
Dans le contexte politique actuel, la CFDT-VNF ne se contente pas de discuter site par site. Devant les tutelles du conseil d’administration, nous avons demandé un calendrier actualisé en fonction des orientations réelles de l’établissement et une révision des missions de VNF dans le cas où les moyens – humains, techniques, budgétaires – ne seraient pas à la hauteur des ambitions affichées dans le COP.
En clair : si les moyens ne suivent pas, il faudra avoir le courage de dire ce que VNF peut encore faire… et ce qu’il ne peut plus assurer correctement.

ACTE II – 20 filières métiers sous pression
Deuxième volet de la modernisation : la refonte de 20 filières métiers à travers des “cahiers de filières”, censés permettre de spécialiser les personnels sans imposer de mobilités géographiques. Sur le papier, l’idée pourrait sembler intéressante : clarifier les contours des métiers, mieux identifier les compétences, donner de la lisibilité aux parcours.
Dans la réalité, telle que nous la voyez remonter du terrain, le processus est trop précipité, trop centralisé, et trop peu concerté.

Des constats lourds : manque de transparence et risque de perte de polyvalence
Les retours que nous recevons convergent.

Manque de transparence et de réel dialogue dans certains groupes.

Réunions verrouillées par la hiérarchie, où l’on discute plus de ce qui semble déjà décidé que des besoins du terrain.

Risque de perdre la polyvalence qui fait la force de nombreux métiers, au profit de spécialisations étroites qui fragilisent les équipes.
Le tout dans un calendrier intenable : les travaux sur les cahiers de filières avancent en ordre dispersé, avec cinq réunions prévues par filière, en pleine fin d’année, alors que l’Acte I occupe déjà largement les esprits. Les services de terrain ne sont pas suffisamment représentés, et les “ambassadeurs” disposent de trop peu de temps entre deux réunions pour consulter leurs collègues, recueillir leurs remarques et les faire remonter.
Ce rythme imposé renforce l’impression d’un projet déjà cadré par la Direction, où la consultation sert parfois plus à valider qu’à construire.

Ce que la CFDT-VNF a obtenu pour desserrer l’étau
Malgré ce contexte, la CFDT-VNF n’est pas restée spectatrice. Nous avons obtenu plusieurs avancées qui doivent maintenant se traduire concrètement :
• Les groupes de travail sont élargis à 20 personnes, au lieu de la dizaine initialement proposée. Cela permet d’ouvrir davantage la parole, même si la bataille n’est pas gagnée partout.
• Les travaux issus des cahiers de filières devront être présentés en CSA central, et pas seulement circuler en cercle fermé.
• Les relevés de décisions seront diffusés à l’ensemble des agents de chaque filière, pour remettre un peu de transparence et permettre à chacun de mesurer ce qui est discuté en son nom.
• Un espace intranet dédié doit regrouper FAQ, documents et suivi des travaux, avec un engagement écrit de transparence sur la circulation de l’information.
Enfin, la Direction a accepté la possibilité de décaler le calendrier à février-mars 2026 pour certaines filières, reconnaissant implicitement que le tempo initial était intenable.
Remontées du terrain : quand les questions des agents s’invitent à la table
En préparation de la réunion du 6 octobre consacrée à l’Acte II, la CFDT-VNF a compilé et transmis à la Direction un ensemble de questions écrites issues directement de vos retours : interrogations sur le calendrier, inquiétudes sur l’organisation des filières métiers, demandes de garanties sur l’accompagnement des personnels concernés.
La Direction a répondu, en exposant ses grandes orientations et la “méthode” envisagée pour la suite. Certains éléments se veulent rassurants, mais nous restons lucides : ce n’est pas parce qu’une réponse est posée sur le papier que le problème est réglé.
Notre ligne est simple : nous resterons pleinement mobilisés pour que chacun trouve sa place dans les futures filières, sans perte de sens, sans perte de compétences, sans perte de rémunération, et dans le respect des principes négociés dans l’Acte I et inscrits dans le pacte social.
Encadrer les mobilités fonctionnelles : un accord-cadre exigé
L’Acte II ne générera peut-être pas de mobilités géographiques imposées, mais il produira des mobilités fonctionnelles bien réelles : changement de tâches, évolution de contenu de poste, repositionnements dans les filières.
Pour nous, il est hors de question que ces mouvements se fassent au fil de l’eau, au bon vouloir des hiérarchies locales. C’est pourquoi la CFDT-VNF a demandé la négociation d’un accord-cadre spécifique à l’Acte II, sur le modèle de ce qui se fait pour l’Acte I.

Nous y défendons des points très concrets :

Un droit de remord, pour revenir sur une mobilité qui s’avérerait insatisfaisante ;

Un reclassement prioritaire, avec possibilité de créer des postes en sureffectif le temps de trouver des solutions pérennes ;

Une véritable valorisation et un accompagnement structuré des mobilités fonctionnelles.
Cet accord devra formaliser les garanties obtenues et encadrer les évolutions à venir. Là encore, vos contributions sont essentielles : en nous faisant remonter vos attentes et vos propositions, vous nourrissez directement la négociation.

Quand le siège grossit et que les DT s’allègent
Un autre volet de la modernisation se joue plus discrètement : la centralisation progressive de nombreuses missions au siège. Depuis plusieurs années, des directions nationales comme la DRHM, la DSIN ou la DIMOA récupèrent des fonctions auparavant exercées en directions territoriales.
Résultat : des personnels affectés en DT mais rattachés à ces directions nationales viennent gonfler les effectifs du siège, d’environ 200 ETP déjà. Avec l’Acte II, ce mouvement pourrait se poursuivre, jusqu’à ajouter près de 200 personnes supplémentaires au siège.
Ce n’est pas qu’un jeu d’écriture. Cela a des effets sur le budget, sur les taux de promotion, et surtout sur la représentativité dans les instances locales. Les CSAS et CSSCT des DT risquent d’être affaiblis, alors même que ce sont eux qui connaissent le mieux les organisations et les conditions de travail sur le terrain.
Représentativité et élections 2026 : la CFDT met le sujet sur la table
La CFDT-VNF a déjà interrogé la Direction sur ce glissement silencieux. Nous avons demandé une analyse juridique précise de l’impact de la création et de l’extension des directions nationales sur les instances représentatives du personnel.
Avec les élections professionnelles prévues fin 2026, la question du corps électoral devient urgente : qui vote où ? Qui est représenté par quelle instance ? Comment garantir que les agents rattachés fonctionnellement à des directions nationales mais travaillant au quotidien en DT ne disparaissent pas des radars locaux ?
Pour nous, la modernisation ne doit pas servir de prétexte à affaiblir la voix des territoires.
Moderniser VNF, oui. Sur le dos des personnels, non.
Au terme de ces premières séquences, un constat s’impose : grâce à la mobilisation syndicale et aux remontées du terrain, des garanties importantes ont été obtenues. Mais rien n’est gravé dans le marbre.
La modernisation de VNF peut être l’occasion de clarifier des organisations, de mettre enfin des moyens sur des fonctions clés, de sécuriser des parcours. Elle peut aussi, si on la laisse filer seule, se transforme en machine à éloigner les décisions du terrain, à fragiliser les équipes, à dévitaliser des métiers.
La CFDT-VNF restera donc là où elle doit être : à vos côtés, dans les groupes de travail, dans les instances, devant les tutelles. Pour rappeler, à chaque étape, que derrière les cartes des réorganisations, il y a des agents, des équipes, des services rendus au public. Et que la modernisation d’un établissement public ne se juge pas à la beauté des organigrammes, mais à la façon dont elle respecte celles et ceux qui le font vivre.
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